L’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) constitue un problème de santé publique dans plusieurs régions du monde par sa fréquence, ses complications et ses conséquences socio-économiques. La moitié de la population mondiale vit dans une région à forte prévalence de VHB.
Deux (2) milliards d’individus présentent une infection avérée au VHB dont 350 à 400 millions de porteurs d’une infection chronique à VHB. Ces derniers sont à risque de développer dans 15 à 20 % des cas, une cirrhose ou un cancer du foie, 3ème cause de décès par cancer en Afrique et dans le monde en 2020. Le nombre de décès engendrés par des complications de l’hépatite B varie entre 500 000 et 1 200 000 décès par an, donc du même ordre de grandeur que celui causé par le VIH, de la tuberculose ou du paludisme.
Mais pour le moment, les moyens de lutte mis en œuvre ne sont pas du tout du même ordre que pour ces trois pathologies. L’hépatite (B/C) est la seule maladie infectieuse à causer plus de décès aujourd’hui qu’en 1990.
Forte de ces constats, l’OMS s’est fixée comme objectif de réduire de 90% les nouvelles infections et de 65% la mortalité due aux hépatites virales dans le monde d’ici 2030. La feuille de route de ce programme prévoit la mise en œuvre de stratégies clés de prévention, de diagnostic, de traitement et d’interventions communautaires.
En mai 2022, la Soixante-Quinzième Assemblée mondiale de la Santé a pris note d’un nouvel ensemble intégré de Stratégies mondiales du secteur de la santé contre le VIH, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030. Sur la base de ces stratégies, beaucoup d’États Membres ont élaboré des programmes nationaux complets de lutte contre l’hépatite B et des stratégies d’élimination fondées sur la Stratégie mondiale du secteur de la santé.
Le Sénégal est une zone de forte endémicité à l’hépatite B et de faible endémicité à l’hépatite C. Des études récentes ont révélé des taux de prévalence respectifs de 8 à 9% et de 2%. La région de Ziguinchor, à l’instar du reste du pays est une zone de haute endémicité pour le virus de l’hépatite B avec une prévalence du portage de l’Ag HBS proche de 10% dans certaines populations. En Casamance, chez les donneurs de sang, la prévalence de l’antigène HBs est de 12,1%.
L’action de ENDA Santé
L’étude Prolifica (Prevention of Liver Cirrhosis and Cancer in Africa) est la première en Afrique à avoir étudié la faisabilité du dépistage à grande échelle et de traitement pour HBV. En Gambie, cette étude a montré que le dépistage communautaire avec des tests rapides était faisable et coût-efficace, avec une grande proportion de patients HBSAg positifs effectivement référés pour mise sous traitement antiviral si nécessaire.
C’est ainsi que ENDA Santé dans le cadre du projet CARES « Casamance Research-program on HIV-Resistance and Sexual Health a développé un important volet de prévention et traitement de l’hépatite chez les femmes enceintes et dans la population générale.
CARES est un projet de recherche et de développement de compétences visant à augmenter l’accès aux diagnostics et aux traitements pour les 3 infections (VIH, VHB et HPV). Cofinancé par le Ministère des Affaires étrangères et européennes, le projet a pour objectif d’estimer la prévalence de l’infection HBV chez des populations cibles, d’identifier les patients ayant besoin d’un traitement au Ténofovir, d’évaluer la transmission du virus chez les enfants vaccinés et nés de mères traités par le Ténofovir et de valider un algorithme de prise en charge de l’hépatite B pour la région de Ziguinchor.
20360 personnes dépistées avec un taux de séropositivé de 8,1%
Ce projet est mis en œuvre depuis 2018 et couvre la Casamance notamment à Ziguinchor ( 21 structures sanitaires et niveau communautaire avec des stratégies avancées) mais aussi en Guinée Bissau, Hôpital Cumura et Simon Mendes. Entre 2018 et 2022, il obtenu les résultats suivants :
2 appareils de fibroscan, 1 appareil échographique abdominale portatif, 1 machine pour la réalisation de charges virales hépatites et un appareil de biochimie ont été offerts aux structure de santé des zones couverts par le projet.
20360 personnes ont été dépisté avec un taux de séropositivé de 8,1%
1692 personnes enrolées et suivies;
157 patients éligibles au tritement mis sous ténofovir ;
2213 charges virales réalisées ;`
1047 exammens de fibroscan réalisés ;
97 échographies réalisées. Le projet CARES renforce la capacité des prestataires de soins de santé de Ziguinchor sur les techniques d’utilisation du Fibroscan, d’échographie abdominale, la PTME VHB et un appui à l’élaboration d’un plan national de lutte contre les hépatites en Guinée Bissau.