Publié le 20/06/2024

Changement climatique et santé : Notre action à Bambey

Le continent africain, bien que peu impliqué dans le réchauffement climatique, est le plus touché par ses impacts négatifs, en particulier sur la santé. Le Sénégal est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, notamment en raison de sa situation géographique. Les effets du réchauffement climatique se manifestent par l’augmentation de l’incidence des maladies telles que le paludisme, la diarrhée, les dermatoses, par les sécheresses, la pénurie d’eau, la malnutrition, l’insécurité alimentaire et par l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes (inondations, fortes vagues de chaleur et de poussière etc.)

Pour relever tous ces défis, il est nécessaire d’impliquer les parties prenantes et de soutenir les organisations de la société civile à travers le secteur public et privé, afin de promouvoir la multiplication, la reconnaissance et la valorisation des initiatives locales à différentes échelles.

C’est dans ce contexte que le Programme accélérateur régional a été lancé pour soutenir et accompagner 9 organisations dans 7 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre : Mali, Guinée-Bissau, Ghana, Sénégal, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Tchad. Coordonné par un consortium regroupant ENDA Santé, ENDA Tiers Monde et ENDA Energie, en partenariat avec la Fondation S, ce programme vise à soutenir le déploiement et l’expansion à grande échelle des solutions locales d’adaptation et de résilience face aux impacts des changements climatiques sur la santé des communautés vulnérables.

Bambey, situé dans la région de Diourbel, est l’une des localités les plus affectées par le changement climatique. Une étude avait révélé une diminution de la pluviométrie et une baisse de la production agricole. Cette situation a causé le basculement de nombreux ménages dans la pauvreté et a également entraîné une recrudescence de la malnutrition chez les enfants âgés de 0 à 5 ans (environ 200 enfants ont été dépistés comme étant malnutris).

Le projet de renforcement de la résilience des exploitations familiales face aux effets du changement climatique en luttant contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle

En réponse à l’ampleur des défis posés par les effets du changement climatique, ENDA Santé, coordonne le projet de renforcement de la résilience des exploitations familiales face aux effets du changement climatique en luttant contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, mis en œuvre par l’Union Régionale des Associations Paysannes Diourbel (URAPD), soutenu par la Fondation S. Ce projet ciblant 7 communes : Bambey Ndoldol, Ndangalma, Thiakhar, Réfane, Ngogom, Ndiguiray : intervient sur 3 axes : sensibilisation, formation, lutte contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire. Son objectif principal est d’aider les exploitations familiales à établir des systèmes alimentaires durables.  

87 producteurs et productrices ont reçu chacun 20 kg de semences d’arachide, 4 kg de mil et 1kg de niébé

L’action phare du démarrage de ce projet a été la distribution de semences certifiées de différentes variétés (arachide, mil et niébé). Cette cérémonie marque le début d’une nouvelle ère dans l’amélioration des systèmes de production agricole durable.

En mettant à disposition des productrices et des producteurs diverses variétés de semences certifiés, nous engageons à dynamiser les efforts existants et à promouvoir des solutions novatrices pour renforcer la résilience et la capacité d’adaptation des exploitations familiales face aux effets du changement climatique.

Elimane Diouf, secrétaire général de l’URAPD

C’est la première fois qu’on me donne des semences certifiées d’arachide, de mil et de niébé gratuitement. C’est un bon début pour la saison des pluies à venir. Obtenir des semences certifiées à temps est la principale difficulté pour les producteurs. Avec cette solution, le problème est en partie résolu. Je suis déterminée à faire ce qu’il faut pour obtenir des résultats et pouvoir posséder ma propre semence l’année prochaine.

Ndeye Fatou Diouf, responsable groupement féminin And Jëf

87 producteurs, issus des 8 communes de mise en œuvre du projet ainsi que 2 zones hors projet, ont reçu chacun un kit contenant 20 kg de semences d’arachide, 4 kg de semences de mil et 1 kg de semences de niébé certifiées par l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA). La distribution des semences, premier acte vers un système de production durable, sera suivie de séances de formation et de suivi rapproché sur l’agroécologie pour les producteurs.

Dans le contexte du changement climatique, il est essentiel d’avoir des outils, un savoir-faire  adaptés sur les techniques agroécologiques et de les partager pour accroître la résilience des producteurs.

Elimane Diouf, secrétaire général de l’URAPD

La lutte contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire est une priorité stratégique du programme, mais l’engagement des femmes est également crucial. Le projet les soutient à travers des initiatives telles que la culture maraîchère, l’aviculture et la transformation céréalière.

Pour accroître la production maraîchère, le projet a financé la réhabilitation et l’équipement de pompe solaire, de la seule source d’eau du village de Rimbakh, situé à 3 kilomètres de Bambey. Cet appui a permis de relancer les activités maraîchères qui étaient en suspens en raison du manque d’eau. La parcelle offerte par la Municipalité sert de périmètre maraîcher où divers légumes tels que l’aubergine, la tomate, le gombo et l’oseille ont été plantés.

Nous sommes ravies de recevoir ce puits. Désormais, avec de l’eau disponible et gratuite, nous allons augmenter notre production et la vendre dans le village. Cela nous évitera les allers-retours entre Rimbakh et Bambey pour nous approvisionner en légumes.

Saye Sarr, membre Gie Bokk Jöm

En ce qui concerne le soutien à l’aviculture locale, un poulailler communautaire a été construit et équipé en matériel avicole à Thiakhar, et confié à un groupement de promotion féminine. Les femmes ont choisi de développer et de renforcer la race locale en croisant des poulets du terroir avec des bleus hollandais. Ce croisement devrait aboutir à une race plus résiliente et mieux adaptée à l’environnement.

Nous en sommes encore au stade initial. L’impact du brassage reste à voir. Actuellement, une formation est essentielle pour renforcer nos compétences afin de mieux faire le suivi des sujets »

Au-delà du poulailler communautaire qui sert de référence, le projet offre à 32 femmes sélectionnées par la communauté, l’opportunité de développer une expérience personne d’aviculture. Chaque femme recevra son propre poulailler conçu par l’expertise locale. En plus de favoriser l’aviculture locale, cette initiative soutient l’artisanat et l’économie locale. Il est important de souligner la fabrication de farine enrichie à partir de céréales, une ressource cruciale pour aider les enfants souffrant de malnutrition. L’URAPD dispose de moulins à Bambey et au sein de divers réseaux agroalimentaires. Elle a formé les femmes membres des GPF à la transformation de produits de base tels que le mil, le niébé et l’arachide. Cette farine enrichie est utilisée dans la lutte contre la malnutrition infantile. Certaines de ces femmes se spécialisent également dans la vente de beignets et de bouillie de mil.

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