Publié le 29/03/2021

Cancer du col de l’utérus : le programme CARES dépiste plusieurs milliers de femmes en Casamance et en Guinée Bissau

La prise en charge communautaire du cancer du col se fait généralement lors des campagnes de masse comme octobre rose. Qu’est-ce que le programme CARES et quel est son apport dans la prévention contre le cancer du col en Casamance et en Guinée Bissau ?

L’offre de service relatif au dépistage du cancer du col de l’utérus se fait généralement au mois d’octobre de chaque année, dédié au dépistage du cancer du col de l’utérus. Enda Santé, conscient de la forte demande et de la prévalence élevée des femmes au papilloma virus dans certaines zones cibles, a mis en place un dispositif de prise en charge précoce des femmes présentant des cols suspects à travers le programme CARES. Plusieurs sessions de formations et d’orientations relatives aux trois techniques de dépistage ont été organisées à l’endroit des prestataires, particulièrement les sages-femmes des sites, pour une meilleure prise en charge. La prévention reste un déterminant incontournable dans notre stratégie. En plus de la formation, le programme CARES, avec l’appui des partenaires, a appuyé certaines structures sanitaires en équipements médicaux et chirurgicaux tels que les appareils de cryothérapie et de conisation du col de l’utérus à Ziguinchor et à Bissau.

Le programme déplace l’offre de service des structures de santé vers les populations, en appliquant la gratuité des soins. Quelle est la plus-value de cette stratégie ?

Une distribution régulière d’intrants se fait au niveau des postes de santé, qui sont le premier niveau d’accès aux soins. Les autres techniques de dépistage telles que le frottis et le test HPV n’étaient pas disponibles dans toute la Casamance. Toutes les lames de frottis pour la lecture et les échantillons pour analyse par GeneXpert étaient envoyés à Dakar occasionnant ainsi des coûts additionnels que les patientes n’étaient pas toujours en mesure de payer. Face à cette situation, le programme CARES œuvre pour un dépistage gratuit et systématique de toute femme se présentant dans un site et remplissant les critères d’éligibilité au service. Cette approche prend également en compte les femmes vivant avec le VIH et qui sont les plus vulnérables à l’exposition du papilloma virus. D’ailleurs, les données collectées à ce jour montrent que la prévalence est plus élevée chez cette cible que chez les femmes de la population générale; d’où l’importance d’intégrer le dépistage du HPV (Human Papilloma Virus) dans l’offre de soins à tous les niveaux de la pyramide sanitaire.

Comment se fait la référence et le suivi au niveau des établissements de santé ?

Toutes les femmes dépistées et présentant un col suspect à l’IVA/L ou dont les lames et les tests HPV revenus positifs sont référées au niveau des structures hospitalières. Une deuxième confirmation de la suspicion est faite par un gynécologue afin de pouvoir poser un diagnostic. La mise en place de tous ces éléments a permis de dépister des milliers de femmes et de traiter rapidement tous les cols présentant des lésions précancéreuses, d’assurer le suivi par les gynécologues et d’en opérer gratuitement certaines éligibles à la chirurgie.

Quels sont les challenges du programme dans un contexte de covid-19 ?

C’est la continuité des services de prise en charge. La COVID-19 a eu un impact non négligeable dans le suivi des cas ayant entraîné des ruptures d’intrants et de consommables médicaux, la non-fréquentation des structures par les femmes d’où un ralentissement de la stratégie et des femmes perdues de vue qui étaient programmées pour des visites de suivi. La sensibilisation est au cœur de la stratégie du programme CARES d’où l’implication des mouvements associatifs de femmes et de leaders communautaires dont les messages portent sur l’importance du dépistage précoce au niveau de structures. Les sages-femmes et les gynécologues continuent à assurer la continuité des services de prise en charge malgré le contexte difficile.

Enda Santé, mars 2021.

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