Le 28 mai de chaque année est consacré à la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. L’occasion pour les organisations de la société civile, les organismes internationaux, les acteurs et les communautés d’interpeler les gouvernements, de faire le plaidoyer pour une amélioration des installations sanitaires en milieu scolaire, dans les espaces publics comme hôpitaux, institutions, les marchées… Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 500 millions de personnes, n’ont pas suffisamment accès aux produits d’hygiène menstruelle ni à des structures sanitaires adaptées.
Cette année, la journée sera célébrée ce mardi sous le thème « Faire de la menstruation un élément normal de la vie d’ici 2030 ». Le but c’est d’abord de briser le silence autour des règles et de permettre aux filles et femmes de vivre leur période de règles sans difficulté.
Le manque d’installations sanitaires appropriées rend difficile la gestion de l’hygiène menstruelle et constitue dans certaines zones un obstacle à la scolarisation de la jeune fille. 1 fille sur 10 en Afrique subsaharienne manque l’école pendant son cycle menstruel, ce qui représente jusqu’à 20 % de l’année scolaire. Des jeunes filles déclarent manquer souvent des cours pour gérer leurs règles, dans certains cas, elles abandonnent leur scolarité après la survenue de la période de puberté. Parmi les causes évoquées l’absence d’infrastructures sanitaires (eau, latrines, savon) ou lorsqu’elles existent, elles n’offrent pas le minimum de services pour gérer l’hygiénique menstruelle. Il y a aussi la peur des fuites ou taches de sang sur leurs vêtements pendant la journée à l’école, ainsi que les douleurs abdominales.
Pour beaucoup de jeune fille, la période des menstrues est une période de honte et de stress. Ceci est dû en grande partie à un manque d’information. La plupart des filles interrogées disent n’avoir jamais abordé la question avec un membre de la famille et disposent d’ informations parcellaires sur les règles. « J’entendais parler des règles oui, mais je n’en savais pas grand-chose. Comment-vais-pouvoir les gérer ? c’est quoi le cycle menstrue ? la durée, les impacts sur ma santé entre autres questions, je n’en savais rien », déclare Aissatou.
Les tabous qui entourent les règles empêchent les jeunes filles d’aborder le sujet avec la famille. A l’école, également, le personnel enseignant n’est pas suffisamment formé pour prendre en charge les besoins des filles en termes d’information sur la gestion de l’hygiène menstruelle. L’absence ou la connaissance incomplète des règles et les attitudes négatives favorisent chez la fille et la femme des risques liés à la gestion des règles impactant sur leur santé.
La précarité menstruelle
Dans le monde 1 femme sur 10 est confrontée à la précarité menstruelle. La précarité menstruelle désigne les difficultés pour de nombreuses filles et femmes à se procurer des protections menstruelles à cause de leurs faibles revenus.
Le coût élevé des produits adaptés pour recueillir ou absorber le sang des menstrues (tampons hygiéniques, serviettes jetables.) empêche les filles et les femmes de participer pleinement à certains aspects de leur vie économique, sociale et familiale : (manquer l’école, être absente au travail.) Il renforce également les inégalités sociales entre les femmes et les hommes.
Les filles et les femmes issues de milieux défavorisés utilisent en période de règles des méthodes dangereuses pour leur santé des étoffes de tissus, du papier, du coton…) qui les exposent à des risques d’infections considérables souvent négligées et ou ne reçoivent pas un traitement approprié.
Notre action : Plus de 3900 serviettes hygiéniques distribuées à Mbour et Sédhiou
En 2022, avec l’avènement du projet SANSAS, nos équipes ont commencé la distribution gratuite de serviette hygiénique lavable auprès des adolescentes dans les zones de Mbour et Sédhiou. Cette activité s’inscrit dans un projet plus large d’amélioration de la santé de la reproduction des adolescent.e.s et jeunes, (SANSAS) mis en œuvre par plusieurs organisations dont le chef de file Solthis et ses partenaires : ENDA Santé, RAES, EQUIPOP, financé par l’Agence française de développement (AFD). Toutefois le niveau d’acceptation des serviettes lavables reste très faible comparé aux serviettes jetables. Seules 1,28% des jeunes filles acceptent les serviettes lavables contre 73, 27% de serviettes jetables. L’existence de tabous liés au lavage et au séchage de la serviette ne favorise pas son utilisation surtout dans la zone de Sédhiou où les filles et les femmes cachent le matériel utilisé pour les menstrues. En 2023, près de 3900 serviettes hygiéniques ont été distribuées à Mbour et à Sédhiou.
Au-delà de la distribution gratuite des serviettes hygiéniques, ENDA Santé dans ses interventions en milieu communautaire va plus loin. A travers le projet SANSANS, elle organise des causeries suivies de consultation générale au profit des adolescent.e.s et jeunes en partenariat avec les Bajenu Gox et les jeunes relais qui mobilisent leurs pairs. La gestion de l’hygiène menstruelle est l’un des thèmes abordés avec les jeunes filles. L’occasion pour elles de bénéficier de conseils et orientations sur ce sujet, de recevoir des réponses aux questions qui les préoccupent et des soins au besoin.