Publié le 12/03/2021

Violences sexuelles : ENDA Santé se dote d’un centre sous régional de prise en charge intégré

Après plus d’une décennie de plaidoyer et d’appui à la prise en charge des violences faites aux femmes, ENDA Santé se dote d’un centre de prise en charge des violences sexuelles. A travers le projet VIMOS (Violences sexuelles et Mutilations génitales au Sénégal), l’organisation va bientôt offrir aux victimes de violences une prise en charge holistique s’articulant autour de la promotion d’un environnement favorable pour l’amélioration de leur santé et de leur bien-être. Depuis Ziguinchor, région du sud du Sénégal où se trouve le centre de prise en charge, Marie Tall DIOP qui est en charge du projet explique les rouages de l’initiative.

Qu’est-ce que le projet VIMOS et quelle sera la plus-value du centre dans la lutte contre les violences basées sur le genre?  

Le projet VIMOS (Violences sexuelles et Mutilations génitales au Sénégal) a été initié par Enda Santé en partenariat avec l’ONG SANACCES, avec le financement du Luxembourg. C’est un projet qui a pour objectif la lutte contre les violences basées sur le genre et les mutilations génitales féminines. Le projet intervient au niveau des trois régions de la Casamance (Sédhiou, Ziguinchor et Kolda) avec une visée sous régionale à travers des interventions qui sont prévues en Gambie et en Guinée Bissau.

La première phase a été mise en œuvre entre 2014 et 2016. Aujourd’hui, le projet est dans sa deuxième phase, lancée en 2018 et va s’étendre jusqu’en fin 2021. Dans cette deuxième phase, un centre de prise en charge holistique est en train d’être construit pour les victimes de violences basées sur le genre, de la prise en charge médicale à la prise en charge psychosociale et si nécessaire la prise en charge juridique. Nous voudrions que l’ensemble des victimes puissent avoir l’ensemble des services dont ils ont besoin pour leur prise en charge au niveau d’un seul et unique endroit.  

« En sus des prises en charge psychologique, médicale et juridique, il y aura la prise en charge sociale qui va s’assurer de la médiation sociale et du retour sans danger des victimes au niveau des familles »

Dans un contexte culturel très complexe de la région sud, quel sera le processus d’identification et de prise en charge des victimes ?  

Nous avons déjà démarré le processus. D’abord, en établissant différents accords de partenariat avec l’ensemble des structures existantes et qui assurent la prise en charge psychosociale ou la prise en charge juridique. Souvent, ce sont des structures qui sont dédiées à une seule méthode de prise en charge. Également, nous avons un partenariat avec les acteurs au niveau communautaire. Nous avons un vaste réseau de paires éducateurs, de jeunes âgés de 18 à 24 ans que nous avons eu à orienter sur la SRAJ, sur les différents types de violences et sur comment les prévenir, sur le genre et sur les droits humains. Nous comptons sur ces réseaux, que ce soit les ados-jeunes qui ont été formés, les badiénou gokh, les leaders communautaires, les leaders religieux, etc.  

Ces acteurs vont non seulement assurer la prévention de la violence à travers les activités de sensibilisation au niveau communautaire mais aussi nous appuyer pour la référence, en cas de violence, au niveau du centre de prise en charge. Une fois la victime présumée référée, elle sera prise en charge en premier par un assistant social. Ce dernier va l’orienter, au besoin, soit au service médical, soit au niveau de la prise en charge juridique et décidera si elle a besoin d’un hébergement au niveau du centre ou si elle peut retourner sans danger auprès de sa familiale.  

Au-delà de la prise en charge, comment comptez-vous accompagner les victimes à retrouver leurs familles ?  

La prise en charge assure également le volet sociale. Les victimes ne seront hébergées au niveau du centre que s’il est démontré qu’elles ne sont pas en sécurité au sein de leurs domiciles ou si elles n’ont pas d’endroit où aller. Même dans ces cas de figure, il y aura une médiation sociale qui sera faite pour un retour sans danger au niveau de la cellule familiale. Le centre n’a pas pour visée de renforcer les ruptures familiales. Bien au contraire, il s’agira d’héberger une victime le temps de s’assurer qu’elle soit en mesure de retourner en toute sécurité auprès de sa famille. En sus des prises en charge psychologique, médicale et juridique, il y aura la prise en charge sociale qui va s’assurer de la médiation sociale et du retour sans danger des victimes au niveau des familles.  

ENDA Santé, mars 2021

Partager
D’autres articles qui pourraient vous intéresser