L’expérience du projet Santé urbaine montre un dynamisme communautaire fort et une capacité des acteurs à proposer des solutions locales face à leurs problèmes de santé. Les entretiens avec les parties prenantes révèlent la force d’un collectif désireux de collaborer pour améliorer l’état de santé des populations.
Ce projet nous a permis d’être ensemble et de coordonner les instances et les programmes de santé. Si on compare les districts soutenus par le projet USAID Santé urbaine et les autres districts, on voit nettement que nous sommes à un autre niveau.
Sagui Naye Gueye, superviseur santé soins primaire, membre de l’équipe cadre de district de Guédiawaye
Mis en œuvre par un consortium dirigé par PATH en partenariat avec ENDA Santé et d’autres partenaires (Open Dev, Ac Dev, ASPS), Santé urbaine cible principalement les districts de Guédiawaye, Yeumbeul et Keur Massar. Il vise à améliorer l’état de santé des populations les plus vulnérables dans la région de Dakar.
Les activités de promotion de la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, portées par les comités de veille et d’alerte communautaire ainsi que par les jeunes permettent un échange fructueux entre acteurs et communautés. Elles facilitent l’identification des défis, et la proposition d’actions concrètes.
- Animer des discussions communautaires sur la SRMNIA, en impliquant les hommes ;
- Interpeller les autorités locales sur leurs rôles et responsabilités en matière de gouvernance sanitaire ;
- Recueillir les plaintes et faire le suivi en vue de trouver des réponses ;
- Promouvoir une meilleure gouvernance sanitaire.
Des compétences acquises par les membres des comités de veille leur permettent d’interagir de manière plus efficace avec les autorités sur les enjeux de la santé urbaine. Ces compétences ont également établi les bases d’une transformation des dynamiques de pouvoir entre les communautés et les autorités. Cette dynamique prometteuse prouve qu’avec la concertation, le plaidoyer et l’engagement communautaire, il est possible de trouver des solutions inspirantes et d’encourager un changement de comportement en faveur de la santé.
Nous sommes devenus des sentinelles pour les problèmes des communautés.
Ramatoulaye Kâ, membre du comité de veille et d’alerte pour la santé communautaire, Yeumbeul Nord
A l’an 2 du projet, des changements sont observés dans les districts grâce aux activités mises en place. Cette approche favorise une meilleure coordination des actions pour résoudre les problèmes relatifs à la prise en charge, à l’accès à l’information sur des services de soins de qualité, et l’amélioration de la collaboration entre les CDS, les élus et les équipes cadres des districts, tout en clarifiant les rôles et responsabilités des différents acteurs.
« En organisant des réunions trimestrielles, nous transmettons les plaintes en matière santé aux autorités sanitaires et faisons le suivi jusqu’à leur résolution. Grâce à cela, nous avons obtenu du matériel pour des appareils d’échographie donnés par le Maire de Keur Massar Nord ».
Nous sommes conscients de notre capacité à provoquer des changements. Nous apportons des solutions (implication des collectivités locales dans l’élaboration des outils de planification des structures de santé (PACDS et du POCT), allocations de médicaments et de carburant dans des structures de santé qui n’en bénéficiaient pas, règlement de facture d’électricité, médiation dans la survenue de conflits entre partie prenante, vidange des fosses septiques…).
Marieme Fall, membre du comité de veille et d’alerte pour la santé communautaire, Keur Massar
Outre les changements, des liens sont créés et des alliances nouées entre les communautés, les autorités administratives, locales et les autorités sanitaires. Une démarche qui favorise un environnement propice à la recherche de solutions et où les acteurs communautaires sont écoutés et leurs actions valorisées.
« Nous ne sommes plus dans l’inaction ou la critique facile, nous sommes dans une démarche de construction avec toutes les parties prenantes. Nous identifions les défis ensemble et nous trouvons ensemble des solutions »
La gouvernance sanitaire locale, un processus en marche
Des changements sont aussi observés dans le fonctionnement des Comités de développement sanitaire. Grâce aux réunions tripartites, certains CDS ont été sensibilisés à l’utilisation des outils de gestion. De plus, les collaborateurs des maires manifestent la volonté de sensibiliser les maires à participer aux réunions du Conseil de Direction et de veiller à ce que la collectivité locale joue son rôle dans l’élaboration des PACDS et des POCT.
« Nous avons amélioré notre gestion financière. Nous faisons le bilan mensuel des recettes, le rapport mensuel des vaccinations, le rapport global et les bons de commande. Aussi, les réunions de cogestion du Conseil de direction se tiennent régulièrement avec le Maire, conformément au manuel de procédure des CDS ».
Mamadou Ndiaye secretaire exécutif CDS Wakhinane Nimzat.
Nous sommes plus informés du rôle du Maire et de ses responsabilités notamment pour le conseil de direction. Nous faisons le plaidoyer à l’interne pour la participation du maire dans cette instance ainsi que son implication pour la promotion de la SRMNIA.
Mariama Barro, présidente de la commission santé de Wakhinane Nimzat
Les adolescents et jeunes prennent la parole sur leur propre santé
Les adolescents et les jeunes s’expriment en public, devant leurs pairs et leurs parents, sur leur propre santé et les défis qu’ils rencontrent : viol, grossesse précoce, grossesse non désirée, mariage d’enfant, excision, maladies sexuellement transmissibles et VIH. Ils recueillent les avis des hommes et des parents sur ces sujets et partagent leurs préoccupations mutuelles. Cette démarche modifie progressivement les relations entre hommes, femmes et adolescents. Tant les hommes que les femmes voient leur perception évoluer. Les hommes se sentent davantage concernés et certains sont prêts à s’impliquer dans l’espace familial en soutenant les femmes et en suivant régulièrement les CPN et CPON ainsi que le calendrier vaccinal des enfants. Ils montrent une meilleure compréhension des besoins spécifiques des adolescents et des jeunes en matière de santé reproductive.
C’est très bénéfique d’avoir nos parents dans ces activités. Cela lève les tabous et favorise une compréhension mutuelle de la SSR.
Mamadou Lamine Koma, jeune bénéficiaire.
Je parle maintenant avec ma fille de la SSR, de son hygiène intime, des menstrues. Lors de notre première discussion, elle était si surprise qu’elle n’a pas réagi, mais elle constate que je m’intéresse à sa santé. Désormais, elle me parle de ses douleurs abdominales et je l’accompagne pour consulter la sage-femme en cas de besoin.
Alima Cissé, parente bénéficiaire activité sensibilisation, Guédiawaye
Les femmes sont généralement très impliquées dans la réponse communautaire, en matière de prévention de la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, du Wash, nutrition mais cela ne suffit pas. Ces séances révèlent la nécessité d’une gestion intégrée de la SRMNIA au niveau communautaire et soulignent notre rôle à jouer dans ce domaine.
Assane Fall, homme bénéficiaire activité sensibilisation
Renforcer les actions pour plus de succès
Santé urbaine entame sa 3ème année de mise en œuvre avec des résultats inspirants dans le volet participation accrue des communauté à l’effort de santé. L’objectif de cette année sera de consolider et de renforcer ces acquis en mobilisant davantage les acteurs et les parties prenantes dans cette dynamique en vue de l’amélioration de l’état de santé des populations. Pour ce faire, il faudra accroître :
- La participation effective des maires aux conseils de direction des CDS ;
- La responsabilité des jeunes dans le projet et l’implication davantage des hommes dans les activités de promotion de la SRMNIA pour les sensibiliser.
- la création des espaces adolescents dans les centres de santé des zones du projet pour faciliter les échanges sur leur santé.
- Enfin, le renforcement des capacités des pairs éducateurs et élargissement des conversations communautaires à d’autres localités pour en faire bénéficier un plus grand nombre.