Le Sénégal s’est engagé à atteindre les résultats de l’ambitieux programme mondial de mettre fin à la tuberculose d’ici 2030. Pour répondre favorablement à ce rendez-vous, il est nécessaire pour le pays de lever les obstacles spécifiques à la recherche de personnes atteintes de tuberculose (les cas manquant à l’appel) à différent moment de la cascade de soins qui continuent de freiner la riposte.
La journée mondiale de lutte contre la Tuberculose (JMT), célébrée ce 24 mars est une opportunité pour les acteurs de la riposte à la TB de sensibiliser sur l’épidémie mondiale et ses conséquences sanitaires et socio-économiques. C’est également une occasion pour communiquer sur les défis et efforts entrepris pour prévenir, traiter et maintenir les patients dans les soins jusqu’à la guérison. Pour cette année encore, la lutte contre la tuberculose continue de subir les effets néfastes dus à la pandémie de la COVID-19. A cela s’ajoute une recrudescence des cas de tuberculose constatée dans les grandes villes à forte concentration humaine notamment à Kaolack, Diourbel, Thiès et particulièrement à Dakar et sa banlieue ainsi que les lieux de privation de liberté.
L’action de ENDA Santé contre la tuberculose
Pour adresser cette problématique, ENDA Santé, à travers ses projets FEVE IMPULSE et Santé communautaire/Saint-Louis, travaille depuis des années en collaboration avec les acteurs communautaires et les districts sanitaires pour arrêter la transmission communautaire de la tuberculose.
L’ONG mène des actions de sensibilisation, avec les acteurs communautaires à travers des VAD et des causeries. Les relais, Bajenu Gox (marraines de quartiers), pairs éducateurs, principaux animateurs de ces activités, abordent la thématique de la tuberculose, son mode de transmission, ses signes, son traitement gratuit et accessible dans les structures de santé les plus proches. Ils insistent aussi sur l’importance du test notamment pour les tousseurs de plus de 15 jours. Également dans son axe renforcement des structures et du personnel de santé, à travers le projet FEVE IMPULSE coordonné par ENDA Santé et mis en œuvre dans 10 pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal, l’Organisation a signé des conventions de partenariat avec les structures de santé. Ceci pour les appuyer dans le dépistage, la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH et en particulier les PVVIH coinfectées par la tuberculose. Cette initiative a permis la signature de plusieurs conventions à Dakar, Mbour et Ziguinchor et le suivi d’une cohorte de 265 PVVIH.
Recrudescence des cas de TB dans le district de Keur Massar
Le district sanitaire de Keur Massar est un centre de référence dans le traitement de la tuberculose. Ouvert depuis 2010, le District à travers son service PNT dépiste, traite et accompagne les malades jusqu’à la guérison en partenariat avec des organisations communautaires de base de la zone. Le service ne désemplit pas et les prestataires débordés par le nombre de malades qui fréquente quotidiennement la structure. « Le Programme national de lutte contre la tuberculose nous a fixé un objectif de 400 cas de tuberculose par année soit 100 cas par trimestre. Mais, le District dépasse largement ce quota. En 2022 par exemple nous avions reçu 614 cas de malades de la tuberculose. Cette année aussi rien que pour le premier trimestre (janvier, février et mars) nous sommes à 157 cas alors que nous attendions 100 cas, explique Salimata Gaye, chargée de traitement de la TB dans le district de Keur Massar.
Les tradipraticiens et les officines privées mis à contribution pour la recherche de cas
Des chiffres qui renseignent sur l’ampleur de la maladie mais de l’avis de Salimata Gaye, beaucoup de malades manquent encore à l’appel. Salimata Gaye ne semble pas surprise des chiffres, vu le poids démographique de cette commune, elle pense que beaucoup de cas manquent encore à l’appel.
Pour retrouver ces cas tapis dans les maisons, le District de Keur Massar ainsi que les districts de Yeumbeul, Pikine, Guédiawaye et Mbao collaborent avec 12 organisations communautaires de base dont Environnement, Communautaire, Santé et Sécurité (ECOSS) qui opèrent dans la zone.
« Dans un premier temps, nous avons travaillé avec les Prestataires de la Médecine Traditionnelle (PMT) et les Agents de Comptoirs des Pharmacies Privées (ACPP) en les formant sur l’identification des présumés TB et leur orientation vers les structures sanitaires. Nous les avons ciblé parce que nous savons qu’ils constituent les premiers recours des présumés TB. Pour chaque district, 15 PMT et 15 ACPP ont été formés » ; explique Mame Ciré Ndiaye, chargé de projet à ECOSS.
Ensuite, explique le chargé de projet des conventions ont été signées avec ces acteurs pour dérouler un paquet d’activités dont le référencement qui constitue l’activité principale à côté des causeries VAD et VALT.
Ibrahima Ndiaye agent de l’ex SOTRAC à la retraite, âgé de 68 ans attend son examen de confirmation de sa guérison. Pendant 6 mois, il suivait un traitement contre la tuberculose au District de Keur Massar. Nous l’avons retrouvé chez lui tout confiant et reconnaissant de son infirmière traitant, Salimata Gaye qui l’a accompagné durant son traitement.
C’est une maladie comme les autres qu’il faut traiter
C’est à la suite d’un examen qu’on m’a diagnostiqué la tuberculose. Au début je m’essoufflais très vite, manquais d’appétit et je toussais surtout la nuit. Je pensais à un rhume mais quand je suis allé au centre on m’a fait le crachat et ensuite le scanner qui a confirmé la tuberculose. J’avais peur mais les prestataires m’ont rassuré et m’ont conseillé de suivre le traitement prescrit. Là je ne ressens plus rien. Je rends grâce à Dieu. J’incite les gens surtout les tousseurs de plus de 15 jours à se faire dépister et suivre un traitement s’ils sont positifs au test. C’est juste une maladie comme les autres qu’il faut soigner.